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Pourquoi donner des probiotiques, du fer, des fibres et de la vitamine D au bébé pendant les 1000 premiers jours de vie ?

5 mins de lecture

Les 1000 premiers jours, définis comme la période qui s’étend de la conception à la fin de la deuxième année de vie, sont une phase cruciale pour la santé et la prévention des maladies à long terme pour l’enfant.

C’est pendant cette période de la vie que les enfants se développent le plus rapidement. Par conséquent, leurs besoins en énergie et en nutriments, notamment en vitamines et en minéraux, sont aussi très élevés. C’est également le bon moment pour favoriser la mise en place d’un microbiote intestinal équilibré : celui-ci se compose de milliards de micro-organismes qui vivent dans notre corps, principalement dans l’intestin et le colon. Il joue un rôle essentiel dans le développement de nos défenses immunitaires et remplit aussi de nombreuses fonctions importantes pour un développement complet et harmonieux, notamment en nous apportant des nutriments et de l’énergie via la fermentation des composants non digestibles de l’alimentation dans le gros intestin.

Le terme probiotique s’entend pour désigner, selon la définition combinée de la recommandation de la FAO et de l’OMS et du dictionnaire Larousse, des microorganismes vivants qui, lorsqu’ils sont consommés en quantités adéquates, ont un effet bénéfique sur la santé de l’hôte en concourant à l’équilibre de la flore intestinale (DGCCRF, 2023)

Le saviez-vous ? Le microbiote des bébés allaités contient naturellement des bifidobactéries comme B.Infantis.

La supplémentation en vitamine D

L’allaitement de votre bébé permet d’apporter tous les nutriments nécessaires à la croissance et au développement jusqu’à l’âge de 6 mois, à l’exception de la vitamine D. Il est donc essentiel de donner à tous les nouveau-nés et jeunes enfants 400 UI à 800UI de vitamine D par jour, dès la naissance et jusqu’à la deuxième année de vie en l’absence de facteur de risque* selon les dernières recommandations de la société française de pédiatrie.

Il convient de noter que les dernières recommandations recommandent de poursuivre la prise de supplémentations en vitamine D pour tous les enfants en l’absence de facteur de risque, jusqu’à l'âge de 18 ans (400 UI à 800 UI de vitamine D2 ou D3 par jour). Si observance douteuse, votre professionnel de santé jugera avec vous de la meilleure façon d’assurer ces apports en vitamine D. Ces recommandations s’appuient sur le fait que l’on conseille aux parents d’éviter toute exposition au soleil direct pour les enfants de la naissance à leur 3 ans, ce qui rend la synthèse de la vitamine D impossible puisqu’elle est réalisée à 90 % par l’exposition de la peau aux rayon UV, ainsi que sur les changements du mode de vie, caractérisés par une baisse des activités en extérieur. Veillez à ne pas surdoser la vitamine D : la vitamine D est un médicament, à manier comme tel qui doit faire l’objet d’une prescription
médicale. La prescription de vitamine D sous forme de compléments alimentaires
doit être proscrite (ALERTE PRESCRIPTION VITAMINE D EN PEDIATRIE du 19 novembre 2020 par Pr Justine BACCHETTA et Pr Agnès LINGLART).

Pour les enfants appartenant à des groupes à risque, la supplémentation orale en vitamine D recommandée est entre 800 et 1600 UI par jour, à partir de l’âge de 2 ans. Les groupes à risque comprennent les enfants et adolescents à peau foncée, les enfants et adolescents insuffisamment exposés à la lumière solaire (utilisation excessive de crème solaire à SPF élevé, peu de sorties en extérieur, port de vêtements couvrants, mois d’hiver passés dans l’hémisphère Nord), les enfants suivant un régime vegan et les enfants souffrant d’obésité1.

* Bacchetta 2022 Vitamin D and calcium intakes in general pediatric populations: A French expert consensus paper

Supplémentation en fer chez les bébés allaités de plus de 6 mois

Comme indiqué précédemment, le taux de croissance est très élevé pendant les premiers mois. Ce phénomène, entraîne un épuisement des réserves en fer des bébés en bonne santé nés à terme aux alentours de 4 à 5 mois de vie. Le fer est un minéral essentiel à la bonne oxygénation cellulaire. Même en l’absence d’anémie, une carence en fer peut être néfaste pour l’immunité (risque d’infection), le développement cognitif (capacités intellectuelles), le développement moteur et la santé en général. Plus ces carences surviennent tôt et durent longtemps, plus leurs effets sont importants et irréversibles. Les laits infantiles 2e âges sont enrichis en fer et la diversification alimentaire autour de 4 à 6 mois garantissent des apports complémentaires en fer, notamment avec les céréales enrichies en fer, la viande et le poisson. Pour les nourrissons et jeunes enfants nés dans les pays Européens en bonne santé et présentant un poids normal à la naissance2, il n’existe pas assez de données pour encourager la prise de compléments enrichis en fer. Cependant, il est recommandé d’apporter une supplémentation en fer de 1 à 2 mg/kg/jour aux nourrissons dont le poids de naissance est légèrement en dessous des moyennes (2 000 à 2 500 g)3, veuillez en parler avec votre professionnel de santé.

 

Les prébiotiques et les probiotiques pour les enfants

Les connaissances de plus en plus vastes sur l’importance du microbiote soulèvent de nouvelles questions concernant la prise de compléments alimentaires chez les nourrissons et les enfants, en dehors des vitamines et minéraux classiques, notamment les fibres dont les oligosaccharides et les probiotiques.

Deux fibres peuvent être envisagées : les fructo-oligosaccharides [FOS] et les galacto-oligosaccharides [GOS]. Une supplémentation en FOS/GOS permet d’apporter des fibres pour les enfants qui en ont besoin, sous contrôle médical. Ces fibres vont être consommées par les bifidobactéries du microbiote, bactéries bénéfiques en début de vie, et vont permettre leur croissance.

Enfin, il faut souligner que la prise de compléments alimentaires à tout âge, mais en particulier pendant les 1000 premiers jours, doit toujours être supervisée par un professionnel de santé et prendre en compte les caractéristiques spécifiques de chaque enfant.

Carla Rêgo

Pédiatre. Hôpital CUF Porto. CINTESIS - Centre pour la recherche sur les technologies et services de santé et Faculté de médecine de l’université de Porto (FMUP) Université catholique du Portugal

Bibliographie :

  1. Braegger C et al. on Behalf of the ESPGHAN Committee on Nutrition. JPGN 2013;56(6):692-701

  2. Domellöf M et al. on behalf of the ESPGHAN Committee on Nutrition. JPGN 2014;58: 119 – 129.

  3. Domellöf M et al. 2014

  4. Baker RD et al. and The Committee on Nutrition. Pediatrics 2010;126(5):1040-1050

  5. DGCCRF, 2023 - Allégations nutritionnelles et de santé | economie.gouv.fr

  6. Underwood MA, et al. Pediatr Res 2015;77(1-2):229-235