Cela fait quelques semaines déjà que vous entendez votre enfant vous dire à la moindre action : « C’est moi tout seul ! ». Il entre dans une phase de demande d’autonomie très importante. Comment l’accompagner au mieux dans cette période ? Nos réponses avec Dominique Wintrebert, psychiatre des hôpitaux.
Accompagner votre enfant dans l’autonomie
Autour de deux ans et demi ou 3 ans, les enfants sont souvent en demande d’autonomie. Cette période suit la phase du « non », qui marque les débuts du désir de l’enfant d’aller de l’avant. À cet âge, les petits ont une soif d’apprendre, de savoir, qui est bien réelle. « Et un enfant qui apprend est un enfant qui est accompagné dans son apprentissage », déclare Dominique Wintrebert. En tant que parents, vous avez donc un rôle important à jouer dans cette période.
Respecter les temps de l’enfant
«Certains parents mettent leur enfant sur le pot dès l’âge de 8-9 mois. Cela n’a pas de sens, donne comme exemple Dominique Wintrebert. « Quand ce sera le moment pour lui, cela se fera naturellement. » Observez-le, voyez ce qu’il est en mesure de faire selon son âge, son développement, sa maturité. Chaque enfant évolue à son propre rythme, il est important de s’en souvenir.
Vous interroger sur ses capacités
Votre rôle n’est pas de le faire grandir trop vite. « Vous devez lui permettre de faire le pas suivant », explique Dominique Wintrebert. S’il sait comment nouer une ficelle pas exemple, vous pouvez lui montrer comment faire un lacet et lui proposer de lui expliquer à nouveau le soir venu. À un moment, il s’emparera de ce geste et saura le reproduire lui-même.
Ne pas brûler les étapes
Certains parents demandent à leurs enfants de franchir des obstacles trop importants par rapport à leur âge, soit parce qu’ils ne mesurent pas l’écart entre ce qui est demandé et les possibilités de l’enfant, soit parce que la position de tutelle qu’ils ont face à leur enfant n’est pas bien ajustée. Certains parents peuvent en effet considérer leur enfant comme un ami, comme une personne qui pourrait par exemple tout entendre… Et cette déviation de la relation parent-enfant empêche l’enfant d’avancer à son rythme, en le faisant grandir trop vite. Il est ainsi recommandé d’être attentif à son enfant et de repérer ce qu’il est en mesure de faire ou pas. Ce n’est pas parce que le fils de votre voisin fait déjà ses lacets seul que le vôtre pourra en faire de même. « Plutôt que de vouloir “normaliserˮ votre enfant, cherchez plutôt à voir les pas qu’il peut faire », conseille Dominique Wintrebert.
Le féliciter sans en rajouter
« C’est bien de s’extasier devant le premier pipi dans le pot, mais vous n’allez pas tous les jours lui dire à quel point c’est formidable », insiste Dominique Wintrebert. Vous pouvez donc bien entendu l’encourager, le féliciter de ses efforts, de ses nouvelles réussites, sans que chaque détail du quotidien ne relève de l’extraordinaire.
Ne pas tout faire à sa place
Parfois, certains parents refusent inconsciemment de voir leur enfant grandir et font tout à sa place. « Quand les parents n’accompagnent pas leur enfant dans ses désirs et son besoin d’indépendance, cela peut amener différents problèmes : des révoltes, qui exploseront à l’adolescence, des dépressions même, un manque de confiance en soi... », développe Dominique Wintrebert. Il faut donc vraiment laisser votre enfant voler de ses propres ailes, à son rythme.
Quand la demande de l’enfant n’est pas réalisable
Vers deux ans et demi, l’enfant veut faire de nombreuses choses par lui-même. Cependant, à cet âge, il peut avoir des désirs qui le mettent en danger : monter à l’échelle seul, vouloir tondre la pelouse comme papa, ou traverser seul la route. Votre rôle est alors de l’accompagner également dans cette phase en lui expliquant simplement qu’il est encore trop petit pour réaliser ces tâches sans votre aide.
« Vous devez lui dire un non ferme, idéalement, sans vous énerver », explique Dominique Wintrebert.
Cependant, « l’interdit devient parfois désirable », remarque Dominique Wintrebert, « toute la difficulté est alors d’interdire sans rendre les choses désirables, et ce n’est pas toujours si simple. Appliquer une forme de “gentillesse fermeˮ est la meilleure solution. Mais le principal est finalement de rester proche de ses enfants et de les surveiller pour éviter qu’un drame ne survienne ».
En revanche, évitez de rabaisser l’enfant avec des phrases du type « tu es nul », « tu n’y arriveras pas », « tu n’en es pas capable ». Dites-lui plutôt qu’il y arrivera plus tard, qu’il est encore trop petit. « L’idée est de tracer un chemin devant lui », conclut Dominique Wintrebert.
Bien réagir face à « l’échec » de l’enfant
Votre enfant essaye de mettre ses chaussettes, mais il n’y arrive pas. Vous pouvez le faire à sa place, lui dire qu’il a besoin d’aide aujourd’hui et qu’il y arrivera demain. « Mais il ne faut pas faire de cela un problème », prévient Dominique Wintrebert. « Il est encore trop petit et y parviendra en grandissant. »
Il insiste ? Dites-lui que vous êtes pressés, que c’est l’heure d’aller à la crèche ou à l’école, et proposez-lui de recommencer avec lui le soir même, en prenant le temps. L’idée est de trouver des solutions pour éviter d’inutiles conflits et de différer ce moment.
Cela génère une crise de colère ? « Riez-en », dit Dominique Wintrebert. Dédramatisez la situation. « Mon conseil premier serait finalement de dire aux parents : faites confiance à votre enfant. Il saura le faire à son moment à lui. »
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